La Pépite et la Perle

Voulez-vous que je vous raconte l’histoire de cet homme qui, un jour, se fit envoûter par une pépite ?

C’est l’histoire ordinaire d’un homme qui avait déjà roulé sa bosse. Il n’était pas vieux mais commençait à ressentir le poids de sa vie. Il avait l’âge des premières douleurs, celles qui nous font dire que nos vingt ans sont loin. Ses douleurs, ses tracas quotidiens l’avaient amené à se poser des questions sur ce qu’il était en train de vivre. Le constat ne lui renvoyait pas une très belle image de lui-même. Toutes ces choses qu’il n’avait pas faites, tous ces gens qu’il n’avait pas rencontrés, toutes ces vies qu’il n’avait pas vécues. Il se sentit vieux alors, presque malade.

C’est dans cet état d’esprit qu’il tomba un jour sur une pépite. Peut-être même est-ce la pépite qui lui tomba dessus, l’histoire ne le dit pas. Cette pépite eut un grand impact sur cet homme affaibli par ses ressentiments, par ses échecs, par ses rêves brisés. À la vue de cette pépite au creux de sa main, il eut comme une révélation. Enfin avec elle, grâce à elle, il pouvait reprendre goût à la vie. Il était enfin riche, enfin libre. Il gagnait en puissance. Les autres hommes allaient l’envier et non plus l’inverse. Et surtout, surtout il oubliait d’avoir mal. L’ennui de sa vie ne se faisait plus sentir. Avec elle, il oubliait qu’il était un homme qui se sentait brisé.

Au début, il la cacha dans un lieu sûr, connu de lui seul. Mais il ne pouvait se passer de la voir chaque jour, chaque fois qu’il en avait envie, qu’il en avait besoin. Alors, il alla la chercher, la mit dans la poche de son pantalon, l’amena donc partout. Mais elle était toujours cachée. Il la sortait lorsqu’il était seul, l’admirait et rêvait ce qu’elle allait transformer dans sa vie. « Une pépite, c’est la richesse, c’est la renommée, c’est l’admiration de tous ». 

Il était heureux ainsi, mais il lui fallait plus. Il ne voulait plus la garder cachée. Il la voulait pour lui, avec lui mais que tous et toutes puissent l’admirer et se dire « Quelle chance cet homme peut avoir !!! » Et les hommes de penser « Que n’ai-je moi aussi pareil trésor en ma possession ? ». 

Il l’amena chez lui, dans sa maison. Il ne la cachait plus. Il la mit en un lieu d’où il pouvait la voir chaque jour. Lorsqu’il sortait il la prenait avec lui. 

Mais cet homme avait oublié qu’un jour il avait vécu un peu la même histoire. Ce n’était pas une pépite, c’était avec une simple perle. Une perle de culture, pas de ces perles parfaites comme il en existe mais qui sont si rares que l’homme n’aurait pu s’en offrir une. C’était une simple perle mais qui avait fait la joie et la fierté de l’homme. Cependant, il s’en était désintéressé assez vite.

Il avait d’abord essayé de transformer sa perle mais la seule transformation que l’on peut faire sur une perle c’est de la percer. Il l’avait alors percée en son cœur, se disant qu’il pourrait ainsi la porter en collier et l’avoir chaque jour avec lui. Seulement, il trouva que la perle par sa rondeur, sa nacre lui donnait un air trop féminin, ses amis aurait pu se moquer de lui. Alors, très vite, il la laissa chez lui, en un endroit quelconque. Il ne pensa même pas à la mettre dans un écrin, pas assez précieuse la perle. Et l’oublia là.

En revanche, à la différence d’une perle, une pépite est transformable. Il suffit de la faire fondre et l’on en fait ce que l’on veut. On peut la porter en chaine, en bracelet, en médaillon. Òn peut la transformer en un bijou très féminin comme en une parure masculine. Et c’est ce qui plut à l’homme, ce pouvoir de transformer sa pépite en une chose qui lui corresponde totalement. 

Seulement, à force de transformations, de fonte en fonte, la pépite ne fût plus. Elle perdit tout son charme. Elle n’émerveilla plus l’homme. Elle ne le rendit plus heureux, ni fier. Sur la fin il l’avait voulue en médaillon. Ainsi, c’est en médaillon qu’il la mit au fond d’un tiroir et l’oublia à son tour. 

Sur ses très vieux jours il eut quelques souvenances de sa perle. « Un jour j’eus une perle » et quelques regrets vinrent le harceler. Qu’était donc devenue cette perle, si douce, si ronde. Le vieux chat pourrait peut-être le lui dire. Il avait joué un jour avec la perle, l’avait fait tomber sur le parquet, l’avait fait rouler jusque sur le perron. 

Elle était restée là, un temps, seule. Puis, est-ce le soleil sur la nacre, est-ce les herbes qui ce sont un peu écartées ? Un jour, une pie l’aperçue et se l’accapara. C’est ainsi qu’une pie, finalement, permit à la perle son envol. Une perle volante ça n’avait jamais été vu. Et pourtant…

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L’âme et l’ego