La corneille et l’invisible

Je me pose la question : comment l’invisible se manifeste-t-il auprès de vous ?

Pour ma part, c’est avec le cri des corneilles que j’ai renoué avec l’invisible.

En effet, j’ai pris conscience que, lorsque j’entendais les corneilles, le souvenir de ma grand-mère apparaissait. J’en étais même arrivée à me dire, chaque fois qu’une ou plusieurs corneilles croassaient, « Tiens, mémé me rend visite ». Mais pourquoi des corneilles ? Ma grand-mère était une femme très discrète, qui avait toujours peur de déranger. Les corneilles, en revanche, ne sont pas des animaux discrets, leur cri est même plutôt désagréable pour l’oreille humaine. Ne parle-t-on pas de cri et non de chant à propos de ces bêtes ? 

D’où ma question : comment ce cri, si peu discret et désagréable peut-il être la manifestation de ma grand-mère défunte ? D’autant que les éthologues interprètent le cri des corneilles comme une tentative de se faire passer pour plus grandes et plus menaçantes, ce qui n’a jamais été le cas de ma grand-mère.

D’interrogations en interrogations j’en suis arrivée à me dire que le cri de la corneille, certes, me faisait penser à ma grand-mère, mais faisait surtout vibrer l’enfant qui est en moi. Un peu comme si ce cri enclenchait un processus, celui de ma grand-mère me prenant par la main pour me ramener, quelques instants, à l’enfant que j’étais. 

Et oui, parce que l’enfant que j’étais — comme tous les enfants, j’en reste persuadée — était bien plus sensible au monde invisible que l’adulte que j’étais devenue. Cette adulte qui avait besoin de cris stridents et menaçants pour se rendre compte que l’invisible lui rendait visite. 

Pour l’enfant, il n’y a pas de frontière entre le monde invisible et le monde réel. Il y a une telle libre circulation entre ces deux univers que finalement ils n’en forment qu’un. D’où l’immensité de l’univers de l’enfant. Le réel et l’invisible cohabitent comme deux jeunes amoureux vivent ensemble.

L’enfant a une connexion vibratoire et une connaissance de la nature invisible, spirituelle et divine de l’univers. Il n’est surpris de rien, ne se pose aucune questions des choses qualifiées d’étranges par des adultes beaucoup moins connectés. L’enfant, comme l’invisible, ne vit pas avec ce filtre qu’est le jugement. Il est. Il vit pleinement sa relation au monde sans aucune restriction.

L’enfant est au départ éveillé. Il est l’éveil même. Malheureusement et bien souvent, une éducation limitante, le cadre dans lequel il évolue restreignent peu à peu le champ de son évolution. 

Les sociétés occidentales mettent l’accent sur certaines disciplines, au détriment de celles de l’intuition, de cette facilité à communiquer avec l’invisible. Je pense que nos sociétés ont peur de l’invisible. Et les disciplines mises en avant sont celles du développement de la pensée, de l’entendement et de la lucidité. Ainsi, nos aptitudes à discerner le monde invisible comme faisant partie intégrante de notre monde disparaissent. Le jugement va être à l’honneur et nous faire dire, entre autre, qu’une chose que l’on ne voit pas n’existe pas. C’est l’endormissement d’une part de nous-même, d’une grande part de nous-même, car le lien avec le monde invisible va se rompre.

C’est très certainement pour cela que nous, pauvres endormis, avons besoin des cris stridents et désagréables de la corneille pour nous réveiller de temps en temps. Nous avons besoin de clochettes de rappel afin d’être pleinement à notre relation au monde. Le cri de la corneille pour nous ouvrir à un tout, bien plus vaste que celui que nous connaissons. Le cri de la corneille pour nous réveiller et être enfin dans l’éveil enchanté. 

Je suis curieuse, comment se manifeste votre monde invisible ? Ses manifestations sont-elles aussi bruyantes que le cri de mes corneilles ?

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